Journée d'étude – Bien commun ou bien d'utilité publique ? Archéologie d'une notion et d'une pratique au Moyen Âge

  • Quoi Colloque PraME PaTHs
  • Quand 07/05/2024 (Europe/Brussels / UTC200)
  • Unamur, Faculté de Philosophie et Lettres, L33
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S’il est une notion qui a fait couler beaucoup d’encre et dont le sens continue pourtant à nous échapper en grande partie, c’est bien celle de bien commun. Ce concept éminemment actuel, ne cesse de susciter l’intérêt, tant au sein du milieu académique qu’auprès des acteurs du monde politique, économique, agricole, ou humanitaire. Dans son acception éthique, le bien commun semble toutefois de plus en plus considéré comme un idéal utopique, d’où le déplacement de la focale sur la notion de biens communs et de communs, dans la lignée des travaux d’Elinor Ostrom.  

Au Moyen Âge, le bonum commune, compris comme fin ultime de tout individu inscrit au sein d’une communauté, fonde toute la grammaire politique, et plus particulièrement à partir de la seconde moitié du XIIIe siècle, sous l’impulsion de la redécouverte du corpus politique aristotélicien. Quoiqu’omniprésente, la notion est comprise et utilisée de manière extrêmement diverse, selon des finalités qui semblent souvent incompatibles avec l’universalité même qui sous-tend l’idée de « commun ».

Plusieurs travaux récents ont mis en lumière le caractère extrêmement vague et ambigu de la définition même du bonum commune ; dans l’œuvre de Thomas d’Aquin, pour ne citer que lui, le concept est mobilisé à maintes et maintes reprises, dans un sens qui est loin d’être univoque, équivocité renforcée par l’absence de toute tentative définitoire par le docteur angélique. Cette polysémie, qui ne va pas sans une certaine plasticité, explique les usages extrêmement variés voire parfois opposés de la notion de bien commun au Moyen Âge, tantôt utilisée comme fer de lance de l’absolutisme pontifical, tantôt pour justifier l’existence d’institutions contraignantes censées empêcher l’avènement d’un gouvernement tyrannique. Cette journée d’étude cherche à réinterroger la notion même de bonum commune en s’intéressant aux conditions dans lesquelles celle-ci se voit mobilisée, en s’intéressant aux éventuels conflits qui surgissent dans sa confrontation avec le réel historique, tout en guettant les solutions proposées par les auteurs pour concilier théorie et pratique du bien commun, dans une approche comparable à l’analogie théologico-politique proposée par l’Aquinate.

 

Programme :

9h   Nicolas Michel et Laura Rizzerio (Université de Namur) - Introduction

 

Session 1 : Présidence Xavier Hermand (Université de Namur)

9h30  Sumi Shimahara, (Université Paris IV) — Le Bien commun dans le haut Moyen Age (Ve-XIe s.).

10h15 Corinne Leveleux-Teixeira (Université d’Orléans) — Biens communs et nécessité dans la pensée canonique médiévale.

11h : Pause-café

11h15 Julien Le Mauff (Université de Lille) — "Chescun cure d’une chose en tant comme elle luy touche". Quel bien, pour quel commun ?.

12h Carole Mabboux (Université Paris 8) — Bien commun et bien de la Commune. Normes légales et didactiques (Italie, XIIIe-XIVe siècles).

 

Session 2 : Présidence Laura Rizzerio (Université de Namur)

14h Paolo Evangelisti (Archivio storico della Camera dei deputati) — Money and markets: where trust might be expected. Architectures of creditworthiness in Franciscan economic pedagogy.

14h45 Matthias Nebel (Universidad Popular Autónoma del Estado de Puebla) — Schola d'arte vénitienne: le travail comme un bien commun.

15h30 Pause-café

15h45 Antonio Petagine (Université Roma Tre) — Thomas d'Aquin a-t-il soutenu la doctrine de la primauté du bien commun ?

16h30 Alban Grandjean (Université Libre de Bruxelles) — Le Bien Commun dans la pensée de Jean d'Anneux. Un idéal politique à l'épreuve des prétentions matérielles des princes au XIVe siècle.