Thèses en préparation
Le monde paroissial en Brabant et en Namurois. Structures et pratiques religieuses (XIIIe-XVIIe siècle)
Morgane Belin, sous la direction de Xavier Hermand (UNamur) et de Michel Dorban (Université catholique de Louvain)
Structure et enjeux des systèmes polygyniques dans la société franque du Ve au VIIIe siècle
Justine Cudorge, sous la direction d'Étienne Renard (UNamur) et de Sylvie Joye (Université de Lorraine, Nancy)
Le projet entend mettre en lumière les caractéristiques des unions polygames pratiquées par les élites franques, avant tout la famille royale mérovingienne, du Ve au VIIIe siècle. En dépit de l’existence d’une documentation écrite portant sur des personnages emblématiques tels que les reines Clotilde, Brunehaut et Bathilde, ou des apports des découvertes archéologiques comme les récentes analyses du sarcophage d’Arégonde, les épouses et concubines des élites franques n’ont pas fait l’objet d’une étude globale fouillée. En raison de l’hostilité des rédacteurs de chroniques appartenant au monde ecclésiastique envers les unions multiples et de la légende noire des « rois fainéants » mérovingiens diffusée par la propagande carolingienne, ces pratiques matrimoniales sont encore mal connues et pâtissent d’a priori négatifs.Dans quelle mesure la famille royale mais aussi l’aristocratie franque ont-elles pratiqué ces unions multiples ? Loin de n’être que des actes de débauche comme le prétendent les chroniqueurs de l’époque, ces pratiques ne s’expliquent-elles pas avant tout par les stratégies des élites franques et la compétition qui les anime ? La polygynie des souverains mérovingiens n’était-elle pas avant tout un instrument de puissance au service de la personne royale, adopté ensuite par les maires du palais pippinides ? Quels étaient la nature des unions (mariage/concubinage), le statut des épousées (parfois de sang royal, parfois de condition médiocre, voire servile) et celui de leur progéniture (notamment la prétention à hériter et singulièrement à régner), leur rôle dans la maisonnée et en particulier au palais ? Autant de questions auxquelles une étude exhaustive de la situation des maisonnées royales et élitaires de l’époque mérovingienne permettrait d’apporter des réponses nuancées en faisant ressortir la complexité des situations. Par ailleurs, ces pratiques polygyniques et les discours les concernant ne prennent tout leur sens qu’au regard de la promotion de l’union monogamique indissoluble, qui ne s’impose définitivement qu’après le VIIIe siècle, par le biais de la christianisation de l’institution matrimoniale. L’étude de la polygynie franque permet donc de mettre en perspective la progressive imposition de ce modèle monogamique.
Des livres, des saints, des hommes : pour une réévaluation de la culture hagiographique latine dans le diocèse de Trèves (XIIIe-XVIe s.)
Bastien Dubuisson, sous la direction de Xavier Hermand (UNamur) et de Michel Margue (Université du Luxembourg)
For a long time, the study of Latin hagiographic texts has mainly been motivated by the publication of critical editions, a scholarly tradition already initiated by the Bollandists in the 17th century. It was not until Guy Philippart’s work in the late 70’s that interest grew for the manuscripts themselves, particularly the so-called “legendaries” (collections containing dozens, and even hundreds of pieces in several volumes). However, their consideration has foremost been governed by philological interests: what has prevailed is the study of the diffusion of larger collection of texts. At the same time, a lack of documentation has led historians to focus their attention to the study of hagiographic texts to uncover the motivations and working methods of early medieval hagiographers. Conversely, the expansion of writing and the social revolution that has followed from the 13th century onwards has been accompanied by a lack of interest in Latin hagiography. Nevertheless, important mutations occurred to the genre at the time, in particular under the impetus of the mendicant orders which have been contributing to the emergence of a new type of collection: the abbreviationes or passionalia nova, among which the noticeable Legenda aurea by Jacobus of Voragine. It has been emphasized that the appearance of these abbreviated legendaries caused an abandonment of the traditional formula in favour of these new, continuously reproduced collections. However, some specialists have nuanced this vision, believing that abbreviated legendaries did not entirely wipe out former types of collections. More broadly, several recent publications have insisted on the vigour and renewal of hagiographic composition at the end of the Middle Ages, including within Germanic world.
In order to reassess the hagiographic culture of a shifting but poorly investigated era, the aim of the research project is to study the production, the reception and the concrete use of hagiographic materials in the Late medieval diocese of Trier (13th-16th centuries). Located at the border of Germanic and Romance influences, this territory straddling parts of modern Germany, Luxembourg, Belgium, and France constitutes a crossroad of cultural spaces that have predominantly been apprehended separately. For such an undertaking to be fruitful, it is necessary to adopt a pioneering approach that encompasses all the intellectual operations and writing practices involved in the elaboration of hagiographic collections. Hence, manuscripts, in particular legendaries, have to be placed at the heart of the inquiry. Understanding the cultural, religious and social issues related to their genesis and subsequent transformations will provide a better comprehension of the groups and individuals that produced, preserved and read them, a dimension largely neglected by previous studies. Furthermore, the archaeology of hagiographic manuscripts will enable to capture the peculiarities of each collection, in particular through the identification of local or poorly diffused texts. That way, existing cultural networks implying a circulation of men and texts will be highlighted, a parameter until now essentially studied through archival records. Ultimately, I want to show that beyond political borders, there has been a form of interculturality that is reflected in hagiographic manuscripts, a medium rarely exploited in its materiality. Such an investigation requires the mobilization of the fundamental sciences of history (codicology, palaeography) as well as trendsetting techniques from the digital humanities.
The raw hagiographic text data edited within the project will be available on GitHub (without the scientific apparatus).
Un laboratoire politique et institutionnel : les communautés urbaines entre Seine et Meuse, 1050-1250
Thierry Frippiat, sous la direction de Jean-François Nieus (FNRS/UNamur) et Paul Bertrand (Université catholique de Louvain)
Dans l'Europe urbaine du Moyen Âge central, l'espace compris entre Seine et Meuse se distingue précocement comme un foyer d'innovation politique et institutionnelle. Il voit tout particulièrement l’émergence de la commune urbaine, dont les historiens situent les premières attestations dans les années 1070. L’expression de « mouvement communal » désigne d’ordinaire ce phénomène s’étendant sur tout le XIIe siècle. Elle a vu le jour dans les années 1820, en même temps que l’érudition libérale s’emparait de cette problématique et imprégnait ainsi les premières pages d’une longue tradition historiographique. Labouré en tous sens par plusieurs générations d’historiens, le champ des « études communales » s’est néanmoins mué en friche depuis le milieu du siècle dernier. La dissonance des thèses proposées et certaines incohérences persistantes ont une part évidente dans la frilosité nourrie à l’égard de cette problématique, depuis les travaux d’A. Vermeesch (1966). Notre projet de recherche entend répondre à la nécessité criante d’un réexamen approfondi du dossier. Ce dernier s’impose d’autant plus que le dynamisme politique des villes, identifié comme une caractéristique majeure du « second âge féodal », reste paradoxalement le parent pauvre de la recherche récente autour du Moyen Âge central. En s’appuyant sur une relecture minutieuse et critique des sources, il s’agit de renouveler notre compréhension du phénomène communal, tel qu’il se déploie entre le domaine capétien et la Flandre.
Interaktions-, Integrations- und Transformationsprozesse im Spannungsfeld zwischen zentraler Steuerung und regionaler Eigendynamik (11. – Anfang 13. Jahrhundert)
Robin Moens, sous la direction de Jean-François Nieus (FNRS/UNamur)
Mes recherches, menées dans le cadre du projet DFG-FNRS InterLor (étudiant les procès d’INTERaction entre la papauté et les acteurs de l’ancienne LOthaRingie aux XIe-XIIIe siècle ; https://www.ma.histinst.rwth-aachen.de/cms/HISTINST-MA/Forschung/Projekte/~tqojt/INTERLOR-Lotharingien-und-das-Papsttum/, https://history.uni.lu/research-interlor/), portent sur les interactions entre le Saint Siège et les villes épiscopales de Liège et Metz du XIe au début du XIIIe siècle. Elles visent à saisir les dynamiques d’interaction, d’intégration croissante et de transformation dans les relations entre la curie romaine et cette région, marquée par une tradition de centralité dans l’histoire de l’Europe (postcarolingienne) et de puissance politique, aussi bien profane qu’ecclésiale. Leur centralité (relative) dans la chrétienté médiévale, comme aussi dans les vagues de « réforme » ecclésiastiques du Xe et XIe siècles, prédisposait ces deux diocèses à une interaction intensive avec le Saint-Siège, bien que leur intégration dans ce qu’on appelle couramment « l’Église impériale » est généralement considérée comme un facteur ralentissant dans ce processus. Une attention particulière est accordée aux mécanismes utilisés par la curie romaine dans leur recherche d’intégration majeure des deux villes cathédrales dans le réseau romain, comme aux motifs des institutions et personnes locales (en particulier les clercs des chapitres urbains et la bourgeoisie naissante), qui décident d’entamer une relation plus approfondie avec l’évêque de Rome et ses représentants.
Production et usages du livre dans les monastères bénédictins réformés à la fin du Moyen Âge : l’exemple de Saint-Jacques de Liège
Elisabeth Terlinden, sous la direction de Xavier Hermand (UNamur)
Curia comitis. Participation politique des élites et pouvoir princier, XIe-XIIe siècles : Flandre, Vermandois, Champagne
Romain Waroquier, sous la direction de Jean-François Nieus (FNRS/UNamur)