Thèses en préparation

Les films de commande du ministère de l’Instruction publique belge, produits entre 1946 et 1959.

                    Lisa Lacroix, sous la direction d'Anne Roekens (UNamur)

Cette recherche doctorale porte sur les films éducatifs, commandés et produits par le Ministère de l’Instruction publique belge, via son service cinématographique, entre 1945 et 1959 (création et premiers pas du Service cinématographique sous la direction de Fernand Rigot). Elle se base sur environ 120 films de non-fiction, la plupart d'entre eux d'une durée inférieure à 30 minutes qui traitent de sujets aussi divers que la sécurité routière, la dissection du lapin, la microscopie électronique, la reproduction de la poule ou des plantes, la biographie de Rubens, l'Anabase de Xénophon ou le port d'Anvers.

Ces films, à la fois instruments pédagogiques mais aussi outils économiques, constituent un matériau riche de potentiel pour la recherche. D’une part, parce que ces films sont des éléments à prendre en compte dans l’histoire de la pédagogie, par leur rôle d’auxiliaires de l’enseignement. D’autre part, parce que ces documentaires didactiques jouent un rôle important dans l’histoire et la dynamique de la production cinématographique belge, ne fût-ce que parce qu’ils ont permis à de nombreux réalisateurs de gagner leur vie dans un contexte où l'activité cinématographique belge et sa viabilité sont fortement liée à une logique de commande étatique.

En s'attachant à ces deux axes, cette recherche vise à traquer dans les films les indices de leurs usages pédagogiques et les objectifs qui sous-tendent leur esthétique et leur contenu ; à enquêter sur leur forme et à questionner le rôle du Ministère de l’Instruction publique dans le développement de l'industrie cinématographique en Belgique.

 


Un petit écran contestataire ? Mouvements sociaux et télévisions publiques belges (1964-1989)

                    Alexandra Micciche, sous la direction d'Anne Roekens (UNamur) et Nicolas Verschueren (ULB)

Ce projet vise à étudier de manière précise les rapports multiples, et souvent caricaturés, entre médias et société civile. Concrètement, il s’agira d’analyser les représentations télévisuelles d’une série de mouvements sociaux belges durant la deuxième moitié du XXème siècle au sein des programmes d’information de la RTB(F) et de la BRT(N). Comment ces médias à audience communautaire ont-ils relayé des mouvements qui ont animé les collectivités auxquelles ils s’adressaient ? Ont-ils servi tantôt de porte-voix, tantôt d’éteignoirs des contestations collectives ? Ont-ils été instrumentalisés et/ou orientés par ces voix dissonantes ou par le pouvoir en place ? Le positionnement des télévisions de service public varie-t-il en fonction de l’évolution respective des opérateurs flamand et francophone ou en fonction de la mutation des mouvements sociaux ? À partir de ce questionnement, le projet de recherche ambitionne de contribuer à la prise en considération des images en tant que documents et agents historiques à part entière. Il s’agit de ne plus réduire ces « images du réel » à leur fonction référentielle. En replaçant systématiquement les discours télévisuels dans leurs contextes de production et de réception, il apparaît possible d’évaluer l’‘agency’ (effective ou supposée) des discours médiatiques et de se distancier de toute représentation extrême d’un simple média-miroir ou d’un média-démiurge surpuissant.

 


Les étudiants et médecins russes en Belgique (1880-1940)

                    Juliette Louvegny, sous la direction d'Anne Roekens (UNamur) et Benoît Majerus (Université de Luxembourg)

Ce projet vise à étudier les enjeux scientifiques, culturels et idéologiques des échanges internationaux dans le secteur médical au tournant des XIXe et XXe siècles. Il se focalise sur la présence d’étudiants et de médecins russes en Belgique (1880-1940). D’un côté, la Belgique, profitant de sa neutralité politique, son développement économique et sa position géographique, s’impose à l’époque comme plaque tournante des congrès internationaux. De l’autre, dès la fin du XIXe siècle, les Russes ont participé activement à l’internationalisation des sciences, affluant en nombre dans les facultés de médecine et instituts d’Europe occidentale. Leur présence soulève également des enjeux idéologiques et culturels à une époque marquée par l’émergence des mouvements révolutionnaires puis par la grande rupture de la révolution de 1917. Ce projet croise donc histoire de la médecine, histoire transnationale des réseaux scientifiques et histoire culturelle. Il s’agira de démêler les enjeux d’une telle circulation internationale à une époque où la médecine en Belgique est en pleine modernisation. Comment les mobilités internationales, les développements scientifiques et les reconfigurations professionnelles se conjuguent-elles, se renforcent-elles ou se téléscopent-elles ? Plus que de déceler une influence bilatérale entre les deux pays, le projet vise à approcher les mobilités scientifiques internationales dans une perspective pluridirectionnelle et à différentes échelles depuis le micro jusqu’au global. Enfin, nous nous intéresserons à l’accueil réservé à ces savants russes non seulement par la communauté scientifique mais aussi plus largement par la société belge dans un contexte où les perceptions de la Russie sont tiraillées entre attraction et répulsion, entre pro- et anticommunisme. L’enjeu sera donc aussi d’interroger comment des considérations idéologiques ou culturelles peuvent influer sur la constitution de réseaux scientifiques transnationaux et inversement.