Thèses en préparation
De sable à fenêtre. Productions et usages du verre à vitre entre les Ier et Ve siècles dans l’Empire Romain.
Géraldine Frère, sous la direction de Julian Richard (UNamur)
Source de lumière, d’aération et isolant thermique, les fenêtres vitrées sont employées dans les habitations luxueuses et les thermes publics depuis la première moitié du Ier s. ap. J.-C., aussi bien en Italie qu’en Gaule. De forme quadrangulaire, elles seraient produites par l’étirement d’une masse de verre en fusion sur une surface en bois ou en pierre. Au IIIe s., un nouveau processus, le soufflage au manchon, est adopté par les verriers, mais ne supplante pas pour autant à cette technique primaire. Comme l’en attestent les vestiges de Pompéi, ces vitres étaient ensuite insérées dans la maçonnerie à l’aide de châssis en plomb ou en métal, et fixées grâce à du mortier.
Par ailleurs, ces dispositifs, ainsi que les édifices qui en sont dotés, ont été évoqués, voire décrits par de nombreux auteurs antiques. Ces descriptions peuvent être mises en corrélation avec leurs représentations dans les peintures murales, la sculpture mais également les mosaïques mises au jour au sein de l’Empire.
À l’heure actuelle, une vue diachronique et sur un territoire large de ces techniques de mise en forme et de ces usages n’a pas été établie. En parallèle, la question de l’évolution spatio-temporelle des mortiers employés ou encore de la corrélation entre le système décoratif et ces ouvertures n’a pas été abordée.
Cette recherche est donc pour objectif d’étudier et de croiser les facteurs techniques, fonctionnels, économiques, sociaux et artistiques afin de déterminer comment ils conditionnent les productions et les usages du verre à vitre dans l’Empire romain, entre les Ier et Ve siècles. En effet, au cours de cette période, les cadres politiques, économiques, techniques et sociaux ont évolués, ayant un impact indirect sur les productions, le commerce et le recours à ces vitres. Cette étude repose sur une approche littéraire (étude des auteurs anciens), iconographique (étude des représentations), matérielle (analyse des caractéristiques du matériau) et expérimentale (reproduction de vitres suivant un processus différent).
La réaffectation industrielle des sites monastiques ruraux en Belgique aux XIXe et XXe siècles
Mathilde Macaux, sous la direction de Mathieu Piacaux (UNamur) et de Claudine Houbart (ULiège)
À l’issue du mouvement de sécularisation qui touche les Pays-Bas méridionaux et la Principauté de Liège à la fin du XVIIIe siècle, la vente, sous le régime français (1796-1814), des monastères comme biens nationaux représente une véritable aubaine économique et sociale pour la bourgeoisie urbaine entrepreneuriale, alors en plein essor. Les grands domaines monastiques ruraux constituent en effet des propriétés de qualité dont les atouts (énergie hydraulique, bâtiments vastes et robustes, patrimoine foncier important, situation à l’écart des villes) sont particulièrement convoités par les industriels qui, tout au long du XIXe siècle, y implantent, outre leurs usines, leurs résidences de prestige. Ces « abbaye industrielles » prennent ainsi part à l’industrialisation précoce de la Wallonie, seconde puissance industrielle mondiale après le Royaume-Uni au XIXe siècle. Leurs activités perdurent, pour les entreprises les plus remarquables, jusque dans la deuxième moitié du XXe siècle. À l’heure où la question de la conservation du patrimoine religieux et industriel est au cœur des débats patrimoniaux, le projet de recherches vise à démontrer l’importante valeur culturelle de ce patrimoine peu commun qui occupe une place secondaire dans le paysage industriel wallon actuel. Ni véritablement monastique, ni complètement industriel, il a trop souvent été, sinon oublié, relégué au second plan.
Tout en étudiant le phénomène de la réaffectation des sites monastiques sécularisés d’un point de vue global, à l’échelle d’un corpus d’une cinquantaine de sites, l’analyse spécifique de ceux ayant été affectés à des fins industrielles (une vingtaine de cas) permet d’aller au cœur de la thèse. Les recherches ambitionnent de comprendre comment et pourquoi ces territoires ruraux portent en eux les marques de l’évolution de la société des XIXe et XXe siècles, et participent pleinement à cette histoire. La méthodologie, comparative et multidisciplinaire, combine les approches historique, archéologique et géographique. À travers l’étude des stratégies de transformation et d’adaptation adoptées par les propriétaires successifs, elle donne l’occasion d’appréhender la gradation chronologique fine des changements architecturaux et paysagers opérés sur ces sites depuis leur sécularisation à la fin du XVIIIe siècle jusqu’à leur désindustrialisation dès le deuxième tiers du XXe siècle. Une réflexion est parallèlement menée sur le développement de la valeur patrimoniale de ces « abbayes industrielles » du XIXe siècle à nos jours.